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Vous qui suivez ces chapitres depuis le début, sachez que pour vous livrer ces précieuses anecdotes familiales, nous sommes prêts à déranger d'anciens maires, des historiens, amis, oncles, tantes, cousins mais celui qui doit plonger et replonger irrémédiablement dans ses souvenirs, c’est papy Dudu, le bien nommé Roger Duvernay qui, mois après mois, se retrouve embarqué dans de l'archéologie historique familiale digne des meilleurs Indiana Jones.
Alors pour Roger Tchick’a Tchick’a Tchik’ ...! (Même si pour lui, l'exercice est parfois douloureux) … Aïe Aïe Aïe !
Et pour ça, cette décade me plaît particulièrement car les souvenirs que nous excavons à présent sont majoritairement les siens et on en apprend autant que vous, à préparer ces textes. Il y a des souvenirs qui vous marquent, qui vous blessent qui vous hantent et d’autres qui vous câlinent, vous apaisent et vous soignent... et ironie de l'histoire, parfois un même événement peut comprendre les 2 facettes.
Bienvenue dans la décade 1944-1954
Roger, du haut de ses 4 ans, n’oubliera jamais son père et son grand père embarqués sans ménagement par la milice, tout comme ce jour de 1953 où, à tout juste 13 ans, il montait les marches 4 à 4 pour montrer fièrement à son Grand-père la médaille du Cross de 8 kms gagnée l'après-midi même avec sa bande à ripper l'soleil mais où, en arrivant au seuil de la chambre de Louis, il ne pourra que constater le décès de ce dernier.
Mais voyez-vous, derrière de tristes souvenirs se cachent toujours le revers de la médaille, cette médaille gagnée pour ce cross qui sera délicatement déposée dans le cercueil pour ce dernier long voyage.
Ce revers joyeux, également lorsque René, au moment d’être embarqué par la milice, demanda à Simone de cacher ses 3 enfants à Habère-Lullin pour éviter toutes représailles miliciennes… Cet isolement forcé à la campagne, chez les Duret, demeure, encore à ce jour, un merveilleux souvenir pour Roger, Roland et Jocelyne. Que dire des souvenirs avec René à qui il fallait pardonner tous les excès… il était aussi généreux avec les autres que dur avec les siens. Généreux lorsqu’il offrait une 2CV à son plus vieux et plus fidèle collaborateur, Emile Pigny, pour saluer 20 ans de carrière aux Vins Duvernay mais également dur, notamment lors de retours tardifs à la maison ou René rentrait accompagné d’amis et réveillait Simone pour qu’elle repasse derrière les fourneaux afin de satisfaire les convives.
Et comme un bon moment passe toujours mieux en musique, on réveillait et réquisitionnait Roger pour qu’il grimpe en haut des tonneaux et joue de l’accordéon pour distraire l’assemblée.
René c'était 3 choses: le travail, le travail et le travail.
Mais s'il y avait de la boxe, du football, un bon film de cinéma, ou qu'un chansonnier se produisait quelque part alors là ce n'était pas le même René. Lorsqu'il partait en goguette, enthousiaste et généreux, c'était toujours en camion avec des bancs, placés à la hâte, à l’arrière du plateau, et d'incessants arrêts pour monte qui veut, destination le divertissement, la célébration et le partage. Nombreux sont les " Nez de Bœuf, Mouche à Bœuf, Fraise à l'Œil, Pain cuit, Blondinet des Arrosoirs, etc.... qui sont montés à l'arrière du camion, tout ce que le monde a fait de meilleurs et de plus fidèles compagnons de Rioule. Certains voyages s'étiraient jusqu'à Paris, pour aller voir les savoyards expatriés autour de prestations live de Tino Rossi, de chansonniers au Théâtre des 2 Ânes, ou au Caveau de la République ou pour assister aux numéros de cabarets de Chez Ma Cousine, à Montmartre.
Il est souvent question de fidélité et d'amitié dans cette aventure familiale. Lorsqu'on interroge Roger, il pense immédiatement à Jean, l'ami de toujours qui habitait (et qui habite toujours) de l'autre côté de la rue et avec qui il partage cette passion du 7ème Art. Le cinéma occupe une place de choix dans la famille et Roger se souvient de la séance du "Salaire de la Peur" ou encore celles du Ciné Bref de Genève avec les projections régulières des films de "Laurel et Hardy".
Dans la bande à Dudu, on aime ripper le soleil et on peut compter évidemment sur Maurice, Jean, Joseph, Michel, et une pensée pour Pierrot, parti ces derniers jours. Ensemble ils aiment s'amuser, marcher en montagne, boire, manger et chanter... des savoyards pur cru.
La guerre est derrière nous depuis peu et il flotte comme un vent de légèreté, de liberté et de divertissement. Même le décès de Louis, le fondateur, demeure un souvenir empreint de rebondissements. En 1952, alors qu’il est donné pour mort, le curé vient lui donner l'extrême-onction, il n'est pas bien reçu. Louis, il n'en pince que pour Clémenceau. René, son fils, témoin de la scène, se dit "perdu pour perdu", et il lui fait boire une ultime cuillère de champagne.
"C'est bon !" répond Louis, tout ravigoté et qui ne décèdera, finalement, qu'un an plus tard.
Un autre exemple de fidélité et d'endurance à toute épreuve : l'arrivée de Lily Provond qui, en cette année 1953, à tout juste 20 ans et sortant de l'école de secrétariat Pigier de Thonon, fera toute sa carrière et connaitra 3 générations de Duvernay, et fera partie de la famille. Plus qu'une fidèle collaboratrice, Lily était dotée d'un palais redoutable et René ne manquait jamais une occasion de lui faire gouter des nouveautés parmi les centaines d'échantillons de vins qu'il recevait. Son avis comptait énormément. A l'heure de l'apéro se succédait celui du dîner. D'ailleurs à cette époque, "le personnel" mangeait presque tous les soirs à la maison. Simone, accompagnée de la « bonne à tout faire », était aux fourneaux et on commença vraiment là, à parler d'affaire familiale...
Bon, certes une vision du passé du repas de famille où les enfants ne mangeaient jamais avec les parents, mais sur une petite table près de la fenêtre, où l'on ne pouvait même pas poser les coudes et où il ne fallait surtout pas faire de bruit. Le Grand père n'aimait pas le bruit des enfants et pourtant Roger, son frère et sa sœur ne gardent que de merveilleux souvenirs de ces années, toujours ces 2 faces d'un même événement, d'un même souvenir et pour des vendeurs de vins, de savoir si on le préfère à moitié plein ou à moitié vide. Mais arrivent inévitablement des moments où la coupe déborde, « Y a pu d'gazou... Fini les gazous... » et ça, c’est arrivé aussi aux Vins Duvernay, mais ce sera dans le prochain épisode.
Source : Roger et Raphaël Duvernay