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1964 – 1974 : chapitre 7
« Silence ! »
On chuchote car, en ce mercredi 14 juillet 1965, nait Rénald Duvernay. Durant cette décade naitront tous les 10 petits enfants de Simone et René avec son lot de prénom en « R » évidemment, puisqu’on pourra compter désormais avec René, Rodrigue, Rénald, Romain et Raphaël.
« Moteur ! »
En 1966, les Vins Duvernay achètent un petit groupe d’embouteillage, leur permettant non seulement d’accentuer la tendance des vins fins en bouteille mais surtout de développer la mise en bouteille à la propriété. Le principe est simple, ils s’équipent d’un camion révolutionnaire surbaissé équipé de toutes petites roues, le Berlier Tekel. Si ce-dernier sera un échec cuisant pour le constructeur, il donnera toute satisfaction aux Vins Duvernay qui, ayant équipé le plateau d’une chaine d’embouteillage mobile, se déplaçaient aux 4 coins du Beaujolais principalement, pour mettre en bouteille, à la propriété, et 4 par 4, les précieux jus. L’équipe chargée de la mise en bouteille en apprécie grandement l’autonomie et la praticité, tout y est : lumière, accessoires, énergie, bref, un petit bijou à travailler. Positionné sur une légère pente, il permet le transfert naturel du vin, des tonneaux aux bouteilles évitant ainsi d’émulsionner le vin avec l’utilisation de pompes. Cette « Mise en bouteilles à la propriété » plaisait grandement aux propriétaires sollicités, leurs vins se distinguaient ainsi par rapport à une vente globale en coopérative et c’était pour eux, un gage d’authenticité, de valorisation et de respect de leur travail de vigneron. Les Vins Duvernay marquent ainsi des points dans le cœur des vignerons et comme un bonheur n’arrive jamais seul, en cette fin d’année, le foyer de Roger et Françoise s’agrandit avec l’arrivée de Valérie en son sein.
« Action ! »
L’année 1967 est synonyme d’explosion familiale. Maitre René, autoproclamé « Président Directeur Général et seul Maitre à Bord » devient impossible avec ses fils Roger et Roland, âgés respectivement de 25 et 27 ans. « Vous ne m’arriverez jamais à la cheville » . Ils se font régulièrement rabaisser, traiter de fainéants, de trainagoy. Le jour où ils doivent déménager la société de Bons à Annemasse, René se couche en travers de la route pour empêche le camion de partir, un autre jour, alors que les deux frères s’autorisent exceptionnellement une sortie, c’est une serrure bouchée au chewing-gum qui les attend, à leur retour. Simone, aura beau temporiser, demander la clémence pour les excès de colère de son mari, pour Roger s’en est trop et sa décision est prise, il ira voir ailleurs et cet ailleurs ce sera chez Pernod équipement.
Guest Star
Premier jour de boulot chez Pernod et direction le Jura. Roger qui veut se tester, dans sa nouvelle zone de travail, décide de partir au point le plus éloigné de sa zone et c’est à Poligny, il se donne 48h. Après une bonne nuit de sommeil, il s’apprête à prendre son petit dej’ lorsqu’ il tombe nez à nez, au bar, avec Fernand Reynaud. Si Roger est fan et plein d’entrain, Fernand n’est pas insensible à l’enthousiasme de ce jeune vendeur et il est disponible (il ne jouait sur scène que le soir). Le courant passe immédiatement entre eux et il n’en faut pas plus pour que l’humoriste lui propose de l’accompagner toute la journée pour l’aider à vendre des équipements de bar Pernod… « Vous allez bien lui commander un doseur !... C’est un p’tit jeune qui démarre, vous allez bien l’encourager non !? » Roger se souviendra toute sa vie de cette journée exceptionnelle qui l’a vu vendre dès son 1er jour de travail chez Pernod, des doseurs à Pastis, des verres, des accessoires de bar et même une machine à glaçons… le graal des équipements susceptibles d’être placés dans un bar, si vous ajoutez à cela l’invitation le soir même pour aller voir son idole sur scène et vous avez un souvenir à vie et les fonds baptismaux d’une solide carrière d’entrepreneur que rien n’arrête.
Nominations & récompenses
1968 - Alors que Roland continue la douloureuse expérience de travailler au contact d’un père colérique et insatisfait, Roger, lui, vit sa plus belle vie. Habitué, jusqu’alors, à être rabaissé, dévalorisé, notre jeune commercial jouit alors de rapports cordiaux avec sa hiérarchie, due en grande partie à sa place de meilleur vendeur France. Sa méthode de travail et son esprit managérial lui confère même la position de « Manager de rookies » et lorsqu’il se porte garant pour l’embauche de son ami Michel Chappuis, ce dernier intègre immédiatement le groupe (qu’il ne quittera que pour entrer aux Vins Duvernay quelques années plus tard).
Scénario
Durant l’été 68, même si René n’est plus en odeur de sainteté, accompagné de Simone, il rejoint Roger, Françoise, Rénald & Valérie à l’Ile de Ré pour quelques jours de vacances, mais à la stricte condition de ne pas parler boulot. Et si ces vacances se passent au mieux, pour René, c’est plus fort que lui et il tente alors une réconciliation et le souhait très fort de voir son fils cadet revenir dans l’affaire familiale. Il faudra attendre l’année suivante et l’action salvatrice de son parrain, Joseph Bocagny pour que Roger envisage sérieusement la question. En 1971, chez Pernod, personne n’imagine son départ, le salaire, les résultats et l’entente sont au beau fixe, mais la tentation est trop forte, la passion du vin, du nom et le défi qui attend les frères Duvernay sont autant de motivations qui vont tout faire basculer. Les rapports de force ont changé, Roger et Roland peuvent à présent poser leurs conditions face à un René qui semble prêt à laisser les commandes du navire, mais ça se fera devant notaire et avec signature, trop de mensonges, de caprices et de promesses non tenues ont échaudé les frères. Ce sera une gérance provisoire d’un an pour commencer, avec les pleins pouvoirs. L’histoire, proposée par Roger et Roland, plait à René, il signe et la production peut commencer.
Super-Production
Les frangins commencent alors un travail en binôme. Roland, toujours à l’affut des dernières innovations embarque Roger dans tous les salons européens en quête d’une solution idéale de chaine d’embouteillage. Ils achètent une partie en Italie, une autre en Allemagne, etc.. Il faudra presque un an pour que ce Mécano, grandeur nature, soit compatible et devienne opérationnel. La gérance perd, petit à petit, son caractère provisoire, la maison grandit. Roger et Roland embauchent leur cousin Claude Philippe comme commercial et rachète de petits négoces, parfois même en gardant leurs directeurs qui viennent alors renforcer à leur tour les rangs des commerciaux de la maison comme Jean-Charles Fornassier et Guy Lonjon. En l’espace de quelques mois l’affaire se développe, mettant chaque jour un peu plus, l’accent sur les Vins Fins. Si l’un est fait pour l’administration de la société et l’autre pour la clientèle, ils se réunissent et décuplent leur force dans la dégustation, ils goutent bons et achètent bien. La société passe à une trentaine de salariés, une dizaine de camions, 4 ou 5 entrepôts disséminés entre Ain, Savoie et Haute-Savoie.
Récompenses et Hommage
René, qui se voulait seul maitre à bord, se délecte des beaux résultats de ses fils et goûte alors à la vie de papy gâteau, entouré régulièrement de ses 9 petits enfants dont Cécile, Emmanuelle, Valérie, Frédérique et Stéphanie. La saveur sera de courte durée, en mars 1972, il est emporté par la maladie, cette amputation, 30 ans plus tôt, aura finalement eu raison de lui et il manquera de peu la naissance du 10ème et dernier petit enfant, Raphaël. C’est à Roger que reviendra le soin d’exécuter les dernières volontés de René, voir un dernier lever de soleil et mourir un dimanche, puis être rasé de près et habillé avec son costume préféré, aller dire un mot de réconfort à celui-ci, faire la paix avec celui-là, il n’y a malheureusement qu’une volonté qui ne pourra être respectée, celle d’être plié en boule dans un tonneau, sa jambe entourée autour du cou et roulé jusqu’au cimetière (pas la blague !-) Les obsèques de René seront grandioses et la famille découvrira, lors des éloges funèbres, combien leur père était un mec bien, généreux et courageux. Mais la vie continue et comme un ultime hommage, les frères Duvernay, forts de leurs progrès en dégustation et en vinification, solliciterons alors leur mentor, Pierre Coste, vigneron à Langon, pour la création de La Cuvée du Fondateur, l’iconique Graves de la maison dont l’étiquette arborait la photo d’un René fier et droit. Ce sera un succès, tout comme la décade qui attend à présent Roger et Roland, mais ça, ce sera lors du prochain épisode.